Quand pêcher rend service à la protection de l’environnement : l’utilisation de la télémétrie acoustique

Les pêcheurs sportifs et de loisir, riches d’un savoir et d’une expérience du milieu, sont une aide précieuse pour les chercheurs qui se servent de la télémétrie acoustique pour suivre le déplacement des individus. Cette technologie fonctionne grâce à des émetteurs portés par les poissons et dont les signaux sont détectés par des balises acoustiques immergées à des points précis tout le long de la côte, depuis Banyuls jusqu’aux îles Mèdes, ce qui permet de suivre les déplacements des individus « marqués ».

Les pêcheurs de loisirs ou professionnels, tous volontaires interviennent pour capturer les poissons qui seront ensuite relâchés, porteurs de l’émetteur acoustique. A chaque fois qu’un individus « marqué » passe dans un rayon de 300 mètres autour d’une de ces balises hydroacoustiques, celle-ci enregistre le signal. A chaque signal correspond un numéro d’identification du poisson, une heure d’enregistrement, une vitesse et une profondeur. Ainsi un total de 310 individus d’une dizaine d’espèces peuvent être suivis dans leurs déplacements.

Quelles sont les espèces concernées ?

De façon à couvrir le maximum d’habitats différents, les espèces qui ont été sélectionnées ont un intérêt patrimonial et halieutique mais elles le sont surtout pour leurs différences de cycle de vie, d’utilisation des habitats et de déplacements.

Les loups, les dorades et les barracudas sont connus pour entamer des déplacements parfois sur de longues distances. Plus sédentaires, les mérous, corbs, grandes rascasses et langoustes (crustacés) seront eux aussi suivis. Des canthares (dorade grise) et dentis seront marqués ainsi que quelques prises « accessoires » comme par exemple la sériole ou le sar tambour qui ne sont pas des espèces nécessairement du programme mais qui restent intéressantes par manque total ou partiel de données les concernant.

A quoi serviront les données récoltées ?

Les données récoltées par la télémétrie acoustique, en plus de celles apportées par les comptages de poissons des plongeurs volontaires et scientifiques, serviront à alimenter l’état des connaissances sur les populations de poissons ciblées dans le programme. La combinaison de ces méthodes servira à localiser précisément les zones d’habitats essentiels des poissons ciblés dans le projet.

Les habitats essentiels sont des sites où se situent les habitats indispensables et qui sont spécifiques aux besoins de chaque espèce. Ils sont de l’ordre de trois usages, lesquels s’ils sont disponibles et en bon état de fonctionnement, favorisent le renouvellement des stocks de poissons : les habitats d’alimentation (se nourrir), de reproduction (frayer) et de nurserie (grandir).

Grâce aux 94 balises immergées le long de la côte, si des « motifs » de déplacements apparaissent sur les cartes pour une espèce en particulier alors il sera possible d’extrapoler le déplacement de ces individus à l’échelle de la population de l’espèce en question. C’est ce qui devrait permettre de savoir avec précision où se trouvent les habitats essentiels pour chaque espèce et d’orienter les futures mesures de gestion qui seront adaptées aux cycles de vie et aux déplacements de ces espèces à une échelle transfrontalière.

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Les campagnes de marquage s’échelonnent sur l’automne/hiver 2020 jusqu’au début de l’été 2021

pour une fin du projet prévue en 2022.

Participer à la pêche expérimentale dans RESMED

Si vous savez pêcher l’une des espèces mentionnée, du bord ou depuis une embarcation, de la Réserve naturelle Marine de Cerbère-Banyuls jusqu’à Norfeu en Espagne, vous pouvez contacter le Centre de Recherche sur les Écosystèmes Marins à l’adresse : resmed@univ-perp.fr.

Certains le disent, c’est un sentiment gratifiant de savoir que l’on a pu aider la science en ajoutant à son niveau, sa pierre à l’édifice.

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